Les récentes négociations TAUTEM chez ENEDIS se sont déroulées dans un contexte d’offensive patronale dans les IEG : Emails à 20h, week-ends sacrifiés, vacances interrompues par des « urgences » qui n’en sont pas… Quand vous signalez votre épuisement, on vous répond : « Il faut apprendre à déconnecter, c’est juste une question d’organisation personnelle ».
Cette culpabilisation permanente cache une stratégie patronale redoutablement efficace : transformer le droit à la déconnexion, protection légale gagnée en 2016, en obligation individuelle de « savoir gérer ». C’est d’autant plus problématique que le nouvel accord à ENEDIS ne présente aucune ambition concrète ni volonté réelle de protection des salariés.
Une stratégie en trois temps : nier, transférer, culpabiliser
Cette offensive s’articule autour d’une méthode éprouvée qui déresponsabilise systématiquement l’employeur.
1 — NIER : Nos employeurs exploitent délibérément l’absence de définition légale de la « surcharge de travail ». Votre équipe ne peut pas finir son travail dans les horaires normaux ? « La surcharge n’existe pas légalement, c’est votre organisation personnelle ». Ils transforment ainsi un problème organisationnel en défaillance individuelle.
2 — TRANSFÉRER : Plutôt que de traiter les causes (sous-effectifs, objectifs irréalistes ou questions d’organisation), ils nous orientent vers des solutions techniques individuelles. Formations à « l’usage maîtrisé du numérique », guides de sensibilisation et de paramétrage : tout pour faire de la déconnexion une compétence individuelle que nous devons acquérir seuls.
3 — CULPABILISER : Ils nous vantent et s’appuient sur notre « autonomie » pour masquer une réalité brutale : cette flexibilité ne s’exerce que dans un cadre totalement contraint. Conséquence : notre « liberté » consiste à choisir comment subir la surcharge et non à l’éviter.
L’illusion de la flexibilité des cadres
Les cadres subissent un piège identitaire particulièrement redoutable qui en fait les défenseurs involontaires du système. Rappelons quelques éléments de notre dernier sondage cadres dans les IEG : 45% des répondants considèrent être soumis à des Risques Psychosociaux (RPS) ; les facteurs les plus évoqués sont la surcharge de travail et la mise en cause du sens du travail.
En moyenne, les cadres travaillent plus de 45 heures par semaine, ce qui dépasse largement le seuil indicatif de risque.
Les directions vantent leur « autonomie » et la « souplesse du forfait jours qui permet de s’organiser comme on le souhaite ».
Tout cela masque une exploitation intensifiée dans un cadre parfaitement contraint : objectifs non négociés, délais imposés, moyens insuffisants. Accepter cette flexibilité revient pour les employeurs, juridiquement, à faire reposer la dégradation des conditions de travail sur la responsabilité individuelle des cadres.
Pour plus d'informations, n'hésitez pas à consulter l'article sur le site de l'UFICT en cliquant sur ce lien.



