Quand la novlangue managériale crée le malaise !

Rédigé le 24/07/2025


Les anglicismes sont devenus un usage managérial classique dans les entreprises.

Comme nous l’avons rappelé dans le pré­cédent Options, les anglicismes sont très utilisés dans le monde professionnel et ils contaminent aussi les autres sphères de la société.

Difficile d’échapper au langage « corporate »

Pour les stagiaires, intérimaires, alternants ou nouveaux embauchés, voici venu le temps de l’intégration dans l’entreprise, aussi appelé « l’onboarding », qui sonne plutôt « fun »… Ensuite, leur « manager » leur proposera de terminer la journée avec un « afterwork » convivial, ou de s’inscrire à la pro­ chaine journée de « team building », entre « collaborateurs » de l’entreprise.

Comment garder son sens critique face à ces mots qui amusent ou hérissent!

Ils sont comme un poison, distillé chaque jour, à petite dose… mais doucement mais sûrement, l’effet toxique se fait sentir.

Cela n’est pas sans conséquences, et elles sont parfois dramatiques, épuissement lié au travail, démission, suicide.

Pour avoir la capacité de penser les mots et les discours qui nous entourent, il faut porter attention aux émotions qu’ils font émerger en nous.

Un grand écart entre les valeurs affichées et les pratiques managériales réellement mises en œuvre

Car certains mots et expressions déclenchent des réactions épidermiques et émotionnelles, notamment quand c’est un grand écart entre les valeurs affichées et les pratiques managériales réellement mises en œuvre.

Lorsque les in­jonctions de gestion sont en totales contradictions avec la déontologie ou l’éthique.

Avec l’impression, en plus, d’être dépossédé des mots auxquels un nouveau sens est imposé, et dont la signification varie selon le bon vouloir de la hiérarchie…

Tout cela nourrit un sentiment de confusion, d’injustice, car en touchant le rapport aux mots et à la consistance d’un langage commun, le discours managérial affecte la puissance d’agir, tant individuelle que collective.

Mais parfois, sous le coup de l’émotion, une réaction réveille les consciences, pour y résister !

Il n’y a pas de communauté d’intérêts unissant salariés et employeurs

N’oublions jamais, comme le souligne l’économiste et so­ciologue Frédéric Lordon, que ce récit collectif n’est qu’un mirage : il n’y a pas de communauté d’intérêts unissant sa­lariés et employeurs.

Les termes de « mission », « culture d’entreprise », ou « communauté » relèvent de ce qu’il qualifie de « fable managériale » !